Du 25 février au 4 mars 2011 : Le poste frontière de Ras Ajdir/ Ben Guerdane entre la Libye et la Tunisie a enregistré des records d’affluence toute la semaine de ma visite en Tunisie : des milliers de travailleurs de toutes les nationalités (Tunisiens, Libyens, Egyptiens, Marocains, Libanais, Européens, Chinois, Ouest-Africains), qui sont souvent dépossédés de leurs biens, continuent à arriver en masse à la frontière.
Les villes de Djerba, Gabès, Gafsa, Zarzis n'ont plus de place pour héberger ces étrangers. Pendant mon séjour , le 2 mars
dernier, j'ai croisé 15 bus pleins de réfugiés qui remontaient sur Sfax pour les accueillir, sans compter les voitures de louage pour augmenter la capacité de déploiement de cette aide à
l'hébergement. Environ 100 000 personnes auraient déjà franchi la frontière.
D'autres, essentiellement , des hindous et bangladeshis sont bloqués à la frontière , faute de pouvoir être ramenés chez eux. Leur pays n'a pas les moyens d'organiser leur rapatriement. La communauté internationale doit se mobiliser pour les faire rapatrier. Il est estimé que ces personnes resteront un moment à la frontière , dans des conditions sanitaires et de vie très précaires.
Au quotidien, à Douz, des voitures pleines de vivres partent à la frontière pour aider le Croissant Rouge tunisien à alimenter tous ces réfugiés qui arrivent en masse. De nombreux citoyens tunisiens acheminent médicaments, aide alimentaire pour assister cette détresse humaine.
Vendredi dernier, le 4 mars 2011, l'aéroport de Djerba était envahi par tous ces réfugiés qui attendent d'être rapatriés dans leurs pays. Ce sont essentiellement des Chinois et des Egyptiens. Ces milliers de personnes en souffrance vivent dans l'aéroport dans l'attente d'être embarqués et de profiter de ce pont aérien . Les policiers de l'aéroport sont débordés et tentent d'organiser la sécurité dans l'aéroport. Des hommes jeunes dans la grande majorité , sont assis, ou couchés , l'air résigné. La plupart d'entre eux portent des sacs et valises poussièreuses , couvertures au sol pour dormir. Des clameurs fusent dans l'aéroport pour manifester leur reconnaissance aux tunisiens, on entend des applaudissements pour l'annonce d'un départ prochain . Risque de problèmes sanitaires dû à cette masse d'arrivants à l'aéroport : tous les employés de l'aéroport portent des masques.
Ce flux continue et le nombre de réfugiés augmente chaque jour.